Ça y est, j’ai arrêté de fumer. Enfin, depuis soixante longues minutes. Un exploit ! Je respire.
Mais que faire de mes doigts et lèvres,
restés chastes très longtemps. Un petit câlin labial ? Non, cette
sexualité est mortelle. Mais combien elle est douce, cette mort en belles
volutes, cette mort à petit feu. Préparer ma clope pour ne pas la brusquer,
bien tasser le tabac en tapotant sur le filtre, elle me demande toujours de humer avant de l’allumer tendrement.
Elle préfère les allumettes au briquet. L’odeur soufrée de l’allumette l’excite
qu’elle me dit.
Bon, je me ressaisis, je secoue ma tête pour épousseter ces
images et je respire à fond !
J’essore rageusement mon paquet de clopes pour le jeter très … prés de
moi ! On ne sait jamais. Quel con je fais ! Où est ma volonté ?
Mais c’est mon sang saturé de nicotine qui commande. Mais moi, oui moi, j’ai
une volonté de fer, du fer de mon hémoglobine, squattée par un cancer annoncé.
Ça doit être encore un bluff de mon toubib. Il fait de son mieux, mon serviable
toubib. C’est un psychologue qu’il me
faut. Seulement celui que je connais fume. Il va sûrement me dire qu’il faut
accepter philosophiquement cet état de
fait. Mais c’est un esclavage, cet état, mon vieux ! : Les matins difficiles, l’haleine fétide, la toux
chronique, les crachats fréquents, mes poumons qui n’aiment pas les escaliers
.les cendriers qui débordent, mes enfants fumeurs malgré eux. J’allais oublier mes pauvres chemises
trouées lors de nos ébats cendrés. Cette mante religieuse ne m’a pas eu.
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