Pouvez-vous patienter une minute ?
Menteuse ! Ça
veut dire une éternité.
J’attends. Mais je n’ai pas toute la vie, moi.
Tout de
suite ou merci. Soyons patients. Je suis en sueur,
La salle d’attente, ma
plaquette de freins qui s’use, je
broie du noir, je fais les cents
pas, je change de siège. Je sursaute au moindre bruit, c’est sûrement mon tour.
Mon thé au poireau se réchauffe, même du réchauffé, j’accepte ! Mon goût
pour le thé est contagieux. Mes mauvaises radiations ont pris le dessus :
des types d’après commencent à bouillir. Ils lisent en biais des revues
écornées, qui ont trop attendu. Comment
être flegmatique ? Je hais les anglais et leur soi-disant maîtrise. Je veux partir, non je veux passer
et quitter l’odeur de renfermé de cette salle des soupirs. Et l’autre qui
pianote d’impatience et qui croise et recroise ses jambes, qui se gratte les
oreilles et s’oublie jusqu’à ses narines. La contagion se généralise. La
gardienne des lieux en a vu dans sa vie de serveuse de thé au poireau. Elle ne
se formalise pas. Mais cette fois, la révolte se sent, elle est bien réelle.
Elle lève de temps en temps ses yeux de son magazine non écorné pour analyser
ces excités qui meublent ses journées.
Elle baye d’ennui. On dérange Madame ! Une sonnette remet notre dame à la
surface. Elle écorne son magazine (tout s’explique) et se dirige vers la porte
tant convoitée. Après une minute élastique, j’entends mon nom et je me
précipite vers mon dentiste pour une torture d’un autre genre. Finalement, je
préfère poireauter.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire