samedi 29 décembre 2012

perdue de vie



Perdue de vie
La vie ne l'a pas gâtée, Lili. Un père inconnu, une mère alcoolique, une enfance à refaire. Elle est entrée très jeune dans la vie active, à peine pubère pour aider sa mère. Vivre entre deux passes pour voir la vie. Subir les lubies des clients, rester belle et attirante pour assurer son travail. Le plus vieux des métiers est aussi le plus court. La retraite se prend jeune. Si le corps ne flétrit pas, Lili aura un sursis de quelques mois encore. Le plaisir du client passe avant tout. C’est le seul métier où le piston n’existe pas.  Sa mère, sa chaire, son ancre, elle l'a quitté doucement un matin sans faire d'histoire, pour ne pas déranger. Mais Lili ça l'a dérangé, ce départ sans retour. Elle est seule avec ses souvenirs du seul amour de sa vie.

Ecume de plume

Entre la plume et la feuille,  entre le marteau et l’enclume, le fer est modelé, tordu, redressé, rougi, ondulé. Normal, une fois qu’on atteint l’âme du métal, on peut le modeler à souhait.
Résumons nous. Un livre des données relatives à la vie de tous les jours. C’est curieux que mes idées se couchent quand elles sont en présence de la licence des pourvoyeurs de tolérance. Les turbulences de mon esprit déchiré entre la critique et la sagesse. Une gravissime dérive de la pensée dite libre mais qui détourne la crue d’une érection passée persistante et viagrique que le graal ne peut faire mieux. Les calculateurs ne font rien sans rien. Tout est calcul. La chose désintéressée est absente de leur répertoire. En vrac le trac de la traque du mot sans la conscience du conscient vigilant et vilain ; il veille au grain, il scanne au peigne fin toute idée de révolte comme un gardien de prison. Je suis libre pardi ! Mon œil, pas question de pureté,  de blancheur. Zaama je veux échapper au conscient. Je suis libre mais dans la cour de la prison. Le soleil est présent dans la cour. Il me caresse comme un homme libre dans son dedans.
 Le premier appel du Fedjr vient de percer la nuit de mes tentations d’évasions. Dieu est dans  mon studio. La pudeur me freine avec peine. Il semble que son  velours de jours tristes ne vient pas. Qu’on ne vienne pas me raconter des sornettes ! La politique est un mal nécessaire. N’y a-t-il pas un autre moyen de faire tourner le peuple ? La politique rime avec sémantique. Le conscient qui me permet de vivre parmi mes congénères et l’inconscient pur, naïf, angélique et tendre. Le deuxième appel du muezzin ; donc vingt minutes déjà. Le temps est assassin. Il n’attend pas, il coule comme un fleuve sans digue, il rend dingue. Trêve de palabres et de parlotes, c’est déjà demain. La crue d’hier n’était qu’une tentative d’évasion. Il veille au grain. Toutes les pensées qui s’égrènent passent par l’antivirus du tolérable, de la sociabilité, du vernis des convenances.
La plume à l’écume amère farfouille dans le liquide céphalorachidien. Circulez, y’a rien à  se mettre sous la plume.

jeudi 27 décembre 2012

Bonnes Nouvelles

Le dealer


Des minuscules sachets en plastique. Juste pour une dose ou moins Il s’agit d’appâter tout en vendant. Ce sont les faux frais de pub. J’ai du travail sur la planche Cibler les marchés potentiels. Ma préférence va vers les écoles et les lycées. Les petits bambins se débrouillent toujours pour trouver le fric de leur dose.  Ils ne savent pas combien je risque pour leur ramener leur sacrée poudre. Je dois affronter les grossistes et leurs menaces. Les payer ou payer de ma vie C’est un cycle infernal où il n’est pas aisé de s’en sortir. Il faut bien nourrir sa progéniture. Tans pis pour les autres, ça n’arrive qu’aux autres ?  Au fait, dans quel lycée se trouvent mes enfants ?

mardi 25 décembre 2012

Le jour et la nuit

Le jour dévoile la nuit sans aucune pudeur. Le jour jalouse la pleine lune qui éclaire juste ce qu’il faut les ombres isolées et transies. Il fait montre d’une effronterie sans égal. Pourtant elle a vite fait de cacher ses plaintes et ses fausses notes. La nuit porte conseil, le jour l’emporte. La nuit, tous les fats sont gros, les rats scélérats. C’est les rats ratés par les matous d’égouts qui dégoutent le chat délicat à sa maitresse, reine des caresses. La nuit porte conseil, le jour l’emporte. La nuit nous couve, elle dort mais veille, le jour nous découvre, brouille et dissipe les rêves timides. La lumière crue refroidit la couverture heureuse et chaude de la nuit. Le jour et la nuit ne s’épouseront pas.

samedi 22 décembre 2012

Chez le dentiste



Pouvez-vous patienter une minute ?
 Menteuse ! Ça veut dire une éternité.
 J’attends. Mais je n’ai pas toute la vie, moi.
 Tout de suite ou merci. Soyons patients. Je suis en sueur,
La salle d’attente, ma  plaquette de freins qui s’use, je  broie du noir, je fais  les cents pas, je change de siège. Je sursaute au moindre bruit, c’est sûrement mon tour. Mon thé au poireau se réchauffe, même du réchauffé, j’accepte ! Mon goût pour le thé est contagieux. Mes mauvaises radiations ont pris le dessus : des types d’après commencent à bouillir. Ils lisent en biais des revues écornées, qui ont  trop attendu. Comment être flegmatique ? Je hais les anglais et leur soi-disant  maîtrise. Je veux partir, non je veux passer et quitter l’odeur de renfermé de cette salle des soupirs. Et l’autre qui pianote d’impatience et qui croise et recroise ses jambes, qui se gratte les oreilles et s’oublie jusqu’à ses narines. La contagion se généralise. La gardienne des lieux en a vu dans sa vie de serveuse de thé au poireau. Elle ne se formalise pas. Mais cette fois, la révolte se sent, elle est bien réelle. Elle lève de temps en temps ses yeux de son magazine non écorné pour analyser ces excités  qui meublent ses journées. Elle baye d’ennui. On dérange Madame ! Une sonnette remet notre dame à la surface. Elle écorne son magazine (tout s’explique) et se dirige vers la porte tant convoitée. Après une minute élastique, j’entends mon nom et je me précipite vers mon dentiste pour une torture d’un autre genre. Finalement, je préfère poireauter.

jeudi 20 décembre 2012

Pour mon frère qui nous a quitté



Je suis dans le ventre de ma mère et je m’aperçoit que je ne suis pas seul. Mon frère aussi occupe ma mère. Je suis jaloux et je le montre. Je baigne dans un liquide paradisiaque. Il parait que maman est au courant de notre future existence. Ce liquide, je le partage. Cette eau bénite n’est pas totalement mienne. Quand je vogue béatement dans la mer de ma mère, je cogne souvent mon con de frère qui me rappelle  froidement  que je dois partager. Je suis de nature égoïste, mon plaisir avant tout, pourquoi devrai-je partager ? Je sais que j’ai les faveurs de ma mère. Innocent je le suis, et possessif aussi. La haine est l’anti-chambre de l’amour. Je l’aime, mon frère ? C’est mon premier amour après ma mère. Pourtant, maintenant, tout de suite, c’est la répulsion. Ma première rencontre avec le fils de ma mère.
Premier parmi de milliers de concurrents, je goûte délicieusement à cette victoire vitale. Il faut dire qu’il n’y a pas de second ou de troisième dans cette course. Les perdants perdent leur vie. Seul survivant victorieux parmi des milliers de gladiateurs morts. Le plus téméraire a eut les faveurs de sa dulcinée et c’est moi cet heureux gars. Je me croyais tout seul  mais je viens de recevoir l’ordre de partager ma première place,  de  partager, de donner un peu de moi-même. Quelle misère ! Je ne veux pas donner mais l’ordre vient d’outre mère ; il faut acquiescer sans broncher. Après tout c’est comme donner un peu de son sang : il se régénèrera vite fait. Et puis un frère ça doit être chouette.
Consolons nous comme on peut.

Cette petite histoire est dédiée à mon  frère disparu.
 Mon  frère ainé nous a tiré sa révérence un certain 04 décembre 2012.
A Dieu nous appartenons et à Dieu nous retournerons.
Paix à ton âme.



           

mercredi 19 décembre 2012

Mon chat télépathique



Mon chat
Il m'est arrivé aujourd'hui une aventure étrange Mon chat communique avec moi. C'est invraisemblable mais c'est ainsi. Je perçois sa pensée comme une pensée mienne Au tout début, je mettais ça sur le compte de la coïncidence. Mais une coïncidence ne se répète pas à longueur de journée. J'observe ses yeux d'Agathe qui me scrutent aussi et il me semble que ma conscience n'a plus de secrets pour mon chat. Je suis nu devant son regard. Il n'a pas besoin de miauler pour me demander un câlin : une pensée s'impose à mon esprit et je m'exécute avec plaisir. A mon tour, je lui ordonne muettement de me ramener quelque chose et je suis servi. Ma femme et mes enfants  ne connaissent pas notre secret.  Comment et quand cela a débuté ? Je me souviens seulement d'une nuit sans lune où une insomnie tenace me collait  à l'oreiller. J'essayais de percevoir les bruits de la nuit.  Au début, j'entendis un cri imperceptible mais qui montait jusqu'à devenir un miaulement rauque qui cassait la sérénité de la nuit. Je me suis levé sans réveiller ma femme pour me  diriger vers ce bruit, vers le balcon  où se trouvait allongé mon siamois au joli minois. Il ne semblait pas étonné de ma présence. Comme s'il m'attendait A peine ais-je croisé son regard que la première pensée fusa comme une réalité bien palpable : « Je t'attends depuis longtemps et le moment est enfin venu. Le secret doit être de mise. C'est la condition de notre contrat. Si une tierce personne vienne à percer notre secret, nos pensées comme nos chemins vont se séparer » Ma réponse pensée était l'acquiescement. Quand on communique par la pensée, on n'a pas le temps de filtrer notre réponse. La pensée est plus rapide que la parole  Ce n'est plus la peine de retourner sa langue sept fois avant de parler. J'avais tout simplement donné  ma langue au...chat

mardi 18 décembre 2012

j'ai arrété de m'enfumer



Ça y est, j’ai arrêté de fumer. Enfin, depuis soixante  longues minutes. Un exploit ! Je respire. Mais que faire de mes doigts  et lèvres, restés chastes très longtemps. Un petit câlin labial ? Non, cette sexualité est mortelle. Mais combien elle est douce, cette mort en belles volutes, cette mort à petit feu. Préparer ma clope pour ne pas la brusquer, bien tasser le tabac en tapotant sur le filtre, elle me demande toujours de humer avant de  l’allumer tendrement. Elle préfère les allumettes au briquet. L’odeur soufrée de l’allumette l’excite qu’elle me dit.
Bon, je me ressaisis, je secoue ma tête pour épousseter ces images  et je respire à fond ! J’essore rageusement mon paquet de clopes pour le jeter très … prés de moi ! On ne sait jamais. Quel con je fais ! Où est ma volonté ? Mais c’est mon sang saturé de nicotine qui commande. Mais moi, oui moi, j’ai une volonté de fer, du fer de mon hémoglobine, squattée par un cancer annoncé. Ça doit être encore un bluff de mon toubib. Il fait de son mieux, mon serviable toubib. C’est un  psychologue qu’il me faut. Seulement celui que je connais fume. Il va sûrement me dire qu’il faut accepter  philosophiquement cet état de fait. Mais c’est un esclavage, cet état, mon vieux ! : Les matins  difficiles, l’haleine fétide, la toux chronique, les crachats fréquents, mes poumons qui n’aiment pas les escaliers .les cendriers qui débordent, mes enfants fumeurs malgré  eux. J’allais oublier mes pauvres chemises trouées lors de nos ébats cendrés. Cette  mante religieuse ne m’a pas eu.  
Deux heures déjà sans elle, La jalousie me consume  quand je la vois plantée dans le bec d’un autre.Deux heures de trop. Ahhhhhh!